Conduire malgré une basse vision : ce qu’il faut savoir

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Conduire malgré une basse vision : ce qu’il faut savoir

conduite avec une basse vision

On considère que les prolèmes de vision causent 20 % des accidents de la route. C’est effectivement le sens le plus sollicité pour conduire un véhicule. 90 % des informations traitées par un conducteur proviennent de la vue ; L’ouïe fournit le reste.

Un problème de basse vision affecte donc directement notre capacité à conduire en sécurité, pour soi et pour les autres usagers de la route.

Conduire est important pour l’autonomie des personnes qui n’ont pas accès aux transports en commun ou pour maintenir son activité professionnelle. Ainsi le challenge est donc de concilier vie quotidienne et sécurité, tant pour passer le permis de conduire, que pour l’utiliser.
Mais conduire, malgré un handicap visuel est possible dans différents cas. Voyons ce que dit la loi et le Code des assurances, à ce sujet.

Ce que dit la loi pour conduire avec une basse vision

Un chose essentielle à savoir, c’est que l’évaluation médicale de la vision, dans le cadre de la conduite, est réalisée avec les corrections optiques prescrites

Ainsi, votre acuité visuelle sera testée avec vos lunettes correctives. C’est pour cela que de nombreux troubles visuels mineurs ne posent aucun problème pour la conduite : myopie, astigmatisme, presbytie, hypermétropie.

L’arrêté du 25 décembre 2005 est le texte de loi qui définit les pathologies incompatibles avec la conduite des voitures et des motos (Permis A et B). Il prévoit deux grands groupes de pathologies de la vue : les fonctions visuelles (acuité, champ visuel, vision nocturne et crépusculaire) et les autres pathologies oculaires.

Les fonctions visuelles évaluées pour conduire avec une basse vision

L’acuité visuelle en vision de loin

L’acuité binoculaire minimale requise est de 5/10. Il s’agit d’un test des deux yeux ouverts, avec le port des corrections optiques. Ainsi, si un œil est à mois de 2/10, mais que la moyenne est égale ou supérieure à 5/10, la personne est apte à conduire.

Si l’acuité visuelle baisse brutalement, sans dépasser les 5/10, un délai de 6 mois est généralement imposé, avant de reprendre la conduite. Le temps pour la personne de s’habituer à sa nouvelle vision.

Dans tous les cas, le permis de conduire indique le port des corrections optiques nécessaires.

Le champ visuel

Le champ visuel teste la vision périphérique. La vision doit être sans défaut dans un rayon de 20° autour de l’axe central et bonne dans les champs suivants :

  • 120° en vision horizontale ;
  • 50° vers la gauche et la droite ;
  • 20° en vision haut et bas.

La vision nocturne

Si la vision nocturne est mauvaise, le permis comportera la mention « conduite de jour uniquement ». Le titulaire pourra donc conduire en journée, mais pas la nuit.

La vision crépusculaire, sensibilité à l’éblouissement et aux contrastes

Ces mesures viennent compléter le diagnostic, en cas d’acuité et de champ visuel à la limite des mesures données ci-dessus.

NB : Dans tous les cas, si l’acuité visuelle d’un œil est inférieure à 1/10, un avis spécialisé est exigé. Selon l’acuité de l’autre œil, la possibilité de conduire sera accordée ou non.

Les autres pathologies oculaires

Toute pathologie oculaire doit être signalée pour passer le permis. Pour les maladies arrivées tardivement, n’hésitez pas à discuter de votre aptitude à conduire avec votre ophtalmologue. Il saura vous aiguiller vers des palliatifs, des corrections adaptées et vous expliquer les cas pour lesquels vous ne pouvez plus prendre le volant en sécurité.
Certaines maladies de la mobilité du globe oculaire ne posent pas de problèmes, si elles peuvent être compensées par la chirurgie, un médicament ou une correction. Tant que l’acuité visuelle est bonne, il n’y a pas de contre-indications pour :

  • le nystagmus
  • le strabisme
  • les hétérophories non décompensées

Par contre, un avis médical est obligatoire et se solde souvent par l’incompatibilité de conduire, dans les cas suivants :

  • diplopie permanente non compensable
  • blépharospasmes

De même, certaines pathologies ont des conséquences trop importantes pour conduire :

Ce que dit le Code des assurances

En France, vous n’avez pas l’obligation de déclarer votre handicap visuel. Cependant, si vous avez un accident grave, votre assurance est en droit d’enquêter pour vérifier si votre vision correspond aux textes de loi en vigueur.

Cette pratique est de plus en plus mise en œuvre. Il est donc dans votre intérêt de ne pas prendre le volant si vous avez des doutes. Le risque est que votre assurance ne prenne pas en charge le financement des réparations et des soins, pour vous et le tiers accidenté.

Passer le permis de conduire avec une basse vision

Lors de l’examen du permis de conduire, l’examinateur demande au candidat de lire une plaque ou un panneau. S’il n’y arrive pas, il peut soumettre la validation du permis à un examen médical. Une commission médicale est missionnée. À la suite de l’évaluation de la vision du candidat, plusieurs solutions :

  • Le permis est attribué ou refusé
  • Des restrictions peuvent être mentionnées : conduite de jour, port de lunettes…
  • Un permis temporaire est délivré : entre 6 mois et 5 ans, soumis à examen médical pour le renouvellement.

Les palliatifs : au-delà des corrections optiques

Il existe des solutions qui peuvent améliorer votre vision et donc votre sécurité sur la route.

Les lunettes anti-éblouissement ou lunettes jaunes

Ces lunettes améliorent les contrastes et diminuent l’éblouissement. Leur couleur jaune-orange filtre le rayonnement bleu et bloque la luminance énergétique, deux composantes de l’éblouissement. Par contre, le discernement des couleurs est plus difficile.

Les verres anti-reflet

Les opticiens préconisent souvent des verres anti-reflet pour un meilleur confort visuel lors de la conduite. Ces verres sont bien entendu traités de chaque côté.

Les lunettes de conduite de nuit

Ces lunettes comportent un filtre orangé qui permet de mieux discerner les contrastes. Les personnes souffrant de basse vision, dans leur quotidien utilisent souvent de telles lunettes colorées. Cependant, les couleurs sont légèrement modifiées et donc plus difficiles à reconnaître.

Les lunettes de soleil

Les lunettes de soleil à votre vue sont également un bon palliatif aux éblouissements. En les choisissant avec des verres peu teintés, vous pourrez conduire, voir votre tableau de bord et voir durant les passages sombres (tunnels…).

Les alternatives pour se déplacer

Lorsqu’il est trop dangereux de conduire, il est important de prévoir des solutions pour vos déplacements.

  • les transports en commun
  • les transports à la demande proposés par la Mairie
  • les proches, un réseau d’entraide, les échanges de services
  • les taxis ou ambulances, remboursés pour certains de vos déplacements

Conclusion : quand faut-il s’arrêter de conduire lorsqu’on est atteint de basse vision ?

L’article R. 412-6 du Code de la route précise bien que le conducteur doit être en état et en position de pouvoir effectuer toutes les manœuvres qui incombent à la conduite.

Si vous sentez que vous ou un de vos proches ne possède plus les capacités de conduire en sécurité, malgré le port de lunettes, il est primordial de réagir. Cela est d’autant plus vrai lorsque la basse vision est associée à d’autres problématiques : l’âge, la perte de mobilité, une souffrance cardiaque ou respiratoire… Dans certains pays, une visite médicale est obligatoire, à partir d’un certain âge, pour le maintien du permis de conduire.

Effectivement, les risques sont réels : un contrôle de police, la non prise en charge par l’assurance en cas de problème, mais surtout l’accident grave.
Prenons un exemple d’effet cumulatif des pathologies. Lorsqu’un conducteur souffre de basse vision, il verra le danger tardivement. Si, en plus, ses capacités cognitives sont ralenties, la commande de freiner ou d’esquiver arrive trop tard aux muscles. Et si les réflexes ne sont plus assez rapides, c’est l’accident.

Se voir empêché de conduire, alors que l’on se sent déjà stigmatisé par son handicap visuel, peut être un vrai coup dur pour la confiance en soi. Un soutien psychologique et des solutions alternatives pour le maintien de l’autonomie accompagnent cette décision.

Sources :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000265763
https://www.ornikar.com/code/cours/conducteur/etat-conduire/handicap-visuel

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